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Politique

Une ministre à l’épreuve de la Covid-19

  20 Fév , 2021   , ,    COJ

© FWB

En première ligne d’une gestion de crise « Covid-19 », le politique n’échappe pas à la rude épreuve… Interview en visio, à la mi-février, avec la Ministre de la Jeunesse, Valérie Glatigny.

Comment traversez-vous cette période intense qu’est la crise  Covid ?  

C’est un énorme choc évidemment, surtout par rapport au secteur Jeunesse, car c’est contre nature ce qu’on nous demande: on veut donner plus d’activités aux jeunes, mais on doit leur dire «non». Pour l’instant, la priorité des priorités est de soutenir nos secteurs sur le plan financier mais aussi pouvoir, le plus rapidement possible, donner des perspectives d’assouplissement. Je pense à ce propos qu’il faut sortir de cette logique des vases communicants au sein du même secteur. On ne peut pas tout le temps se dire : si on veut donner un peu plus d’oxygène aux 13-18 ans, on va prendre un peu chez les jeunes de -12 ans. Et qu’est-ce qu’on fait avec les plus de 25 ans? Je pense que beaucoup d’adultes pourraient, par exemple, faire un peu plus de télétravail pour pouvoir offrir à nos jeunes plus de possibilités.

Vous avez hérité de différentes compétences en tant que ministre (Enseignement supérieur, de promotion sociale, Sport, Hôpitaux universitaires, Aide à la jeunesse,…). D’aucuns le jugeraient trop volumineux. Comment jonglez-vous avec un portefeuille de plusieurs compétences ?  

C’est un portefeuille lourd car il y a en effet 9 compétences chronophages. Pour relever ce défi, j’ai une équipe et je travaille avec l’administration. Toutefois, Il faut savoir qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, on est passé de 7 ministres à 6, et puis à 5. Forcément, il y a des regroupements qui se font. Il y a beaucoup d’appels de la part du public pour la diminution du nombre de ministres ;mais il faut aussi réfléchir à la limite de cette logique.On comprend bien la volonté à ne pas multiplier les postes ministériels,car ça coûte de l’argent publicMaison ne peut pas toujours restreindre les capacités.On est tous d’accord pour dire qu’il ne faut pas gaspiller les deniers publics, mais cela doit rester gérable.

Depuis l’apparition du virus dans nos vies, un nouveau type d’acteurs politiques a fait irruption sur la scène politique : les experts sanitaires. Qu’est-ce que cela a provoqué sur la façon plus « habituelle » dont la politique fonctionnait ?   

C’est peut-être la question de la crise:quelle est l’articulation entre la science et la société? Un point intéressant à noter est qu’on pense toujours qu’il y a d’un côté les experts scientifiques et de l’autre lespolitiques, mais ce n’est pas comme ça. Les experts ne sont pas toujours d’accordentre eux : par exemple, l’objectif des experts épidémiologistes qui estde lutter contre la propagation du virus peut entrer en conflit avec celui des pédopsychiatres qui est de veiller au bien-être des jeunes.Doncon doitfaire l’arbitrage entre deux types d’expertises.

Dans les médias, la jeunesse se voit souvent assimilée aux étudiants.  Comment combattre ce raccourci ?   

Il y a une nécessité à donner une bulle d’oxygène aux 18-25 ans qui ne sont pas tous aux études. On sait que c’est 4 pour l’instant, 8 si on fait de la lutte sociale ou scolaire. Mais, en effet, il n’y a pas que les étudiants, c’est pour ça qu’on a intégré la notion de décrochage social pour élargir à davantage que le simple contexte scolaire et l’école.

Malgré la Covid-19, la politique Jeunesse de fond continue… Les négociations sur la réforme du décret OJ de mars 2009 vont débuter cette année. Pourquoi cette réforme et sur quel décret vont être jugées les associations qui rendront leur dossier cette année ? 

Il y a plusieurs raisons qui ont motivé la modification du décret. La première est, à la demande du secteur, la simplification administrative. Le deuxième axeest la priorisation avec des critères afin d’éviter de se retrouver face à un ensemble de projetspour lesquelsnous n’avons pas de budget pour avancer, éviter la logique des arriérés. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait pour l’année 2020, on s’est attaqué au problème le plus ancien: on a épuré les arriérés d’agréments.L’objectif était de réparer l’injustice la plus ancienne et de ne pas en créer des nouvelles.

Actuellement, je ne sais pas quand on va aboutir à cette réforme du décret. Pour les dossiers de demande d’agrément à déposer en juin prochain, il faut compter sur le décret OJ en vigueur. C’est toujours risqué de se lancer sur des pronostics quand on parle d’une adoption législative.On en est encore à la présentation au secteur de la Jeunesse des axes de la réforme et de la méthode.

Propos recueillis par Paul Vanderstraeten