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Les Centres de Jeunes : un secteur plus qu’essentiel… Et pourtant !

  20 Mar , 2021   , , ,    COJ

Cela fait un an que les jeunes sont privés de leur jeunesse ! Cela fait un an que les équipes d’animation des Centres de Jeunes sont empêchées de faire ce qu’elles savent faire le mieux : animer, donner du mouvement, de la vie… 

Manifestation « SOS Jeunes en détresse », le 24/2 à Verviers.
© Sarah Dehousse

Un an de mesures sanitaires et de protocoles successifs imposés, dans l’urgence, sans réelle co-construction avec le secteur Jeunesse, sans réelle reconnaissance de ses spécificités et de son expertise !

Aujourd’hui, il semblerait que tout le monde se rende (enfin) compte de la détresse des jeunes. On ne compte plus les nombreuses publications sur le Web, les interventions, interpellations et pétitions lancées par des psychologues et autres professionnels de la santé, tout comme par des parents, des professeurs, etc. Et c’est tant mieux ! Mais, les professionnels du secteur de la Jeunesse, « en première ligne », ont senti l’urgence arriver sur le terrain, faisant remonter le mal-être des jeunes et tirant la sonnette d’alarme depuis longtemps. Avec la désagréable sensation de ne pas être entendus.

C’est pourquoi le 24 février, les Centres de Jeunes se sont mobilisés sous la bannière SOS Jeunes en détresse. Une prise de parole portée dans l’espace public et sur les réseaux sociaux, accompagnée d’innombrables paroles des jeunes eux-mêmes.

 

« La MJ que je fréquente est essentielle pour moi. »

Car pour beaucoup de ces jeunes, les Maisons de Jeunes (MJ) sont un deuxième foyer, une deuxième famille où ils peuvent s’exprimer sans jugement et apprendre à mieux se connaître. Comme l’a souligné Camille en répondant aux journalistes lors de cette mobilisation : « La MJ de Jupille que je fréquente est essentielle pour moi. La MJ, c’est un endroit où en tant que jeunes, on se sent considérés. On y apprend la confiance en soi mais aussi en l’autre. On prend le temps, on ne te dénigre jamais, on veille à ton autonomie. Depuis des mois, je suis aux études supérieures, tous mes cours sont à distance et je ne peux plus venir à la MJ. Je ne peux plus non plus aller faire du sport, aller boire un verre et ne parlons pas des sorties culturelles… ».

Face à la détresse des jeunes, une situation alarmante dénoncée depuis de nombreux mois, les acteurs de terrain interpellent les responsables politiques de toutes parts, mais ceux-ci restent cependant silencieux, trop silencieux ! À titre d’exemple : le Collectif Tu M’Inter’Est (regroupant 18 Maisons de Jeunes et Centres de Rencontres et d’Hébergement du Sud-Est de la province de Liège) a adressé une demande de rencontre à notre Ministre de la Jeunesse, Valérie Glatigny, en date du 16 février dernier. Courrier toujours sans réponse à ce jour.

Après des mois de non-considération d’un secteur par sa Ministre de tutelle, après tant de temps de vidéoconférences stériles et d’absence de réelle collaboration entre le Cabinet et les représentants sectoriels, il est temps d’infléchir une courbe, d’écouter les acteurs de terrain dans les propositions qu’ils peuvent avancer et de construire les protocoles avec eux. Cela nous semble indispensable !

Nous ne sommes plus dans l’urgence du début. D’autres modalités de collaboration, plus participatives, plus respectueuses des acteurs de terrain auraient pu (auraient dû) se mettre en place ! Aujourd’hui, entre l’urgence du terrain (de la Jeunesse, de la Culture, des Seniors, de l’Horeca, etc., la liste est longue !) et l’aveuglement voire la rhétorique politique, il y a décidément un gouffre entre nous et ceux et celles qui nous gouvernent. La démocratie et la politique n’en sortiront pas grandies. Dommage.

Cédric Garcet,

Directeur de la FMJla Fédération des Maisons de Jeunes – membre de la COJ