En 2018 la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) a eu 70 ans ! Son Article Premier nous dit : « Tous les êtres naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Difficile de ne pas faire caramboler la chose avec l’actualité de l'année.
En 2018, on retiendra le purin du racisme ordinaire, individuel, décomplexé, le racisme organisé, en groupuscule, structurel.
Cet été, au Pukkelpop, en plein concert, des festivaliers agressent deux jeunes filles à la peau noire. Ils entonnent « Couper les mains, le Congo est à nous ». Par la suite, un des agresseurs s’est excusé, se disant « effrayé » par son propre comportement. Faut-il se rassurer ou s’en effrayer ?
Et que dire de l’enquête de la VRT sur Schild & Vrienden, ce groupuscule raciste, sexiste, antisémite dont le fondateur poursuit un master en droit ! La partie francophone du pays n’est pas épargnée avec l’appel d’une spectatrice de la RTBF portant réclamation sur la présentatrice météo « trop noire pour l’écran ».
On vous passe les agressions racistes sur les quais de gare, les entrées de bars ainsi que les nombreuses réactions racistes sur les forums. Sans oublier les propos insultants de certains responsables politiques d’ici ou d’ailleurs !
Notre chroniqueur médias tombe donc à pic avec Comment gérer les trolls ? tandis que notre chroniqueur ado se demande Pourquoi tant de haine ?
Le COJ a cherché des réponses auprès d’édouard Delruelle, professeur de philosophie politique. Il épingle une société « nationale-libérale », « profondément malade de racisme ». Pour cet ancien directeur du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (aujourd’hui UNIA), prôner le vivre ensemble ne suffit plus. Attention, interview pessimiste à lire en p 6 et 7.
Portée par l’ONU en 1948, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme a 70 ans. Elle semble si souvent bafouée. Cette même instance internationale qui a tant de difficultés en 2018 à unir les nations autour d’une « Déclaration de New-York pour les réfugiés et les migrants ». La politique serait-elle aux mains de vulgaires (ir-)responsables politiques ? Parfois, on se le demande.
Alors on pense à 2019, année de toutes les élections : fédérales, régionales, européennes. On rêve au réveil citoyen de masse, critique et solidaire. C’est que notre projet #EnCampagnePasSansNous (reportage à lire en p8-11) nous a redonné quelques timides rayons de soleil.
Pour la petite histoire : quand l’ONU signait la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, l’Afrique du Sud instaurait l’apartheid. Nelson Mandela d’écrire : « Personne n’est né avec la haine pour l’autre du fait de la couleur de sa peau, ou de son origine, ou de sa religion. Les gens doivent avoir appris à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, ils peuvent apprendre à aimer car l’amour jaillit plus naturellement du cœur humain que son opposé »… De quoi méditer sous le sapin (laïque) des traditionnelles fêtes de famille.
Bonne année solidaire 2019 !
Yamina Ghoul, Secrétaire général de la COJ